jeudi 31 décembre 2009

Bonampak






















Bonampak - un petit site perdu dans la jungle lacandonne et difficilement accessible par une piste en mauvais état - n'attirerait sûrement pas les visiteurs sans les superbes fresques qui tapissent - murs et plafonds - trois petites salles miraculeusement conservées. En les découvrant on imagine la splendeur des intérieurs mayas, inestimables peintures perdues pour toujours.
Malheureusement, ces peintures sont fort délabrées et bien mal protégées... je vous livre quelques photos, jumelées avec celles de la reconstitution, visible au musée de Mexico; vous n'aurez aucun mal à les distinguer !

Yaxchilan





























Mon site préféré au Mexique...







De Palenque, une longue route (en bon état, environ 3h) et puis 1/2 heure de lancha sur le Rio Usumacinta, qui fait la frontière avec le Guatemala.

Les ruines de Yaxchilan sont cachées dans une jungle encore vierge, d'où la magie absolue de l'endroit. J'ai fait le circuit en sens inverse, et après un sentier très dur grimpant en lacets dans la forêt, a surgi devant moi le fameux édifice 33 avec sa crête ouvragée. Absolument seule, je pouvais me prendre pour Maudslay, le découvreur du site en 1882.


Les rares groupes autour de leur guide restent cantonnés sur la plaza en contrebas, ne font pas l'ascension et se contentent de la vue panoramique sur l'édifice 33...


C'est ici qu'on a découvert les célèbres stèles mayas du British Museum; celles qui subsistent dans le site sont fort abîmées. Assise sur un petit muret, j'essayais d'imaginer cette ville au moment de sa puissance, les temples peints en rouge, les stèles se dressant fièrement... Malgré tous ces siècles d'abandon, Yaxchilan demeure un lieu de pélerinage sacré pour les Lacandons, mais ils sont incapables de déchiffrer les inscriptions; à l'embarcadère, quelques-uns d'entre eux vendent des bijoux en plastique, répliques modernes de ceux qu'ils fabriquaient autrefois avec des graines de la forêt.

Chan Kah, mon hôtel à Palenque




Vous savez tous que je suis atteinte du syndrôme de la cabane au fond des bois... Alors cet hôtel est fait pour moi ! En fait de cabanes, ce sont de luxueux bungalows (très isolés) dans un non moins luxueux jardin, avec un restaurant chic et des porteurs... à vélo. En prime coatis et singes hurleurs. Séjour trop court (2 nuits).
C'est à partir de ce pied-à-terre (hmmm) que je vais explorer des sites mayas fameux: Palenque, Yaxchilan et Bonampak.
Vous l'avez compris, depuis que j'ai débarqué de l'avion au Chiapas, on est dans l'aire maya. Je vous ai parlé des Indiens tzotziles, mais il y a d'autres ethnies, moins nombreuses (et notamment les fameux Lacandons), tous se disant les descendants des Mayas. Ils parlent des langues différentes mais ont en commun le fait d'avoir été exploités par les conquérants espagnols. Ils sont toujours des citoyens de seconde zone et le supportent de moins en moins...

mercredi 30 décembre 2009

Les cascades




Alberto a quand même tenu à faire un petit arrêt à Agua Azul (l'eau bleue), qui porte bien son nom, et à Misol Ha (le sentier passe derrière la cascade, l'impression est intéressante); c'est très joli, mais à part quelques photos, rien à y faire, car en plus les baignades sont désormais interdites... Ce sont des destinations familiales, avec restaurants, boutiques et jeux pour enfants.

Tonina











Voilà un site magnifique généralement ignoré des groupes. Un peu à l'écart de la route San Cristobal-Palenque, mais tout à fait possible sur le trajet, à condition de faire l'impasse sur la baignade dans les cascades d'Agua Azul, l'attrape-nigauds du coin.

Tonina est une des rares cités mayas victorieuse de Palenque - le sujet du spectacle de San Cristobal. Pour parvenir au sommet de cette inexpugnable forteresse: 365 marches. Et quelles marches ! presque verticales et à peine restaurées. Une aventure.
Le clou de ces ruines est une fresque représentant les 4 soleils, cad les 4 ères de l'humanité, le quatrième menant à la fin de l'humanité (charmant; en fait c'est prévu pour 2012; soit la fin, soit le début du cinquième...); la tête à l'envers d'un prisonnier décapité entouré de sang et de plumes représente le soleil.
Labyrinthe, tombes, temples, le tout s'imbriquant les uns dans les autres, Tonina est un site complexe et passionnant, sportif aussi. Un très bon moment; si vous passez par là, ne le manquez pas !
Photos: vous avez une idée des marches... bien indiquées au cas où on penserait qu'on se trompe d'itinéraire...

Les villages zapatistes
















Tout cela c'est bien joli et ferait oublier que les Indiens vivent dans une grande pauvreté. Sur la route entre San Cristobal et Palenque, qui serpente dans la forêt, se succèdent des villages zapatistes, annoncés par de grands panneaux. Ce sont des communautés à dominance marxiste, ayant confisqué les terres qui leur reviennent de droit. Si vous êtes intéressés par leurs idées, allez donc sur le site http://www.ezln.org.mx/
On ne visite pas, bien entendu, ici il ne s'agit pas de tourisme, mais de la réalité.
D'après Laetitia, jeune française rencontrée à Coba, qui logeait chez l'habitant dans le Yucatan, les Zapatistes sont accusés de tous les maux, notamment du trafic de drogue; et que les Indiens du Chiapas eux-mêmes les fuient, car ils préférent la "libre entreprise". Ce que moi j'ai vu dans le Yucatan, même à Merida, la métropole - et j'imagine que c'est pareil sur les plages à touristes - ce sont des Indiennes souvent pieds nus, flanquées d'enfants de tous âges, qui harcèlent les touristes pour vendre de l'artisanat industriel. Libre entreprise ou cache-misère ?

Illustration: deux panneaux et deux cartes postales vendues au profit de EZLN; un étalage de poupées... Remarquez que les femmes sont aussi des combattantes, selon la grande tradition révolutionnaire mexicaine.

San Lorenzo Zinacantan







Dans cet autre village, les costumes - masculins et féminins - sont brodés dans les tons de bleu, de rose et de mauve; comme c'est dimanche, tout le monde parade sur la place de l'église...

Le costume tzotzil





























Il fait froid là-haut, alors les hommes portent une sorte de chasuble, blanche ou noire, et les femmes une lourde jupe en laine de mouton; les hauts sont plus colorés. On peut trouver cette laine brute au marché, et aussi des pelotes de toutes les couleurs pour les châles et les couvertures. Pour les hommes, le sombrero est de rigueur...

San Juan de Chamula







Les villages tzotziles des environs de San Cristobal ont miraculeusement gardé leurs traditions: cultes syncrétiques, costumes, style de vie. Victimes du voyeurisme d'un tourisme de masse mal compris, ils refusent les photos, surtout dans l'église; par ailleurs tout à fait adaptés au système, ils exigent un droit d'entrée pour le village...Je ne peux que les approuver: ces gens ne sont pas les animaux d'un zoo - ce qui ne m'a pas empêché de faire des photos à la sauvette, sauf dans l'église, bien entendu.

Cette petite église coloniale absolument charmante ressemble à une étable à l'intérieur...Tapissée d'herbes odorantes (j'ai failli m'étaler), les gens piquent-niquent, assis par terre en groupe familial; les enfants lèchent une glace, les mères partagent les tortillas, on jette les déchets par terre... Partout des bouteilles de posh (l'alcool du coin) et de coca - le but est de provoquer des renvois pour faire sortir les mauvais esprits. Des bougies allumées par centaines et des prosternants en prière, à côté des bébés qui jouent. Au fond de l'église une longue file pour obtenir la bénédiction du shaman. Les murs disparaissent sous d'innombrables chapelles dédiées à tous les saints du calendrier chrétien. Cela sent le foin, la cire, la sauce tomate, les vapeurs d'alcool. Je me faufile, dans l'indifférence générale. Mais j'avoue être un peu choquée par le groupe qui pénètre après moi, avec son guide qui commente à haute voix, sans aucune discrétion.
J'ai bien sûr choisi un dimanche pour cette visite; devant l'église c'est le marché, destiné aux gens des villages qui se déplacent, et très peu d'échoppes pour touristes; sur le parvis on s'assied, on boit un verre, on discute; dans les rues processions et rites étranges...

San Cristobal (suite)







Tout se visite à pied, c'est bien agréable - faut quand même du souffle, vu qu'on est en altitude, pour monter aux deux collines qui ceinturent la ville, chacune surmontée d'une église. Le centre est piétonnier, livré aux touristes et tout ce qui va avec, restos, petits cafés, boutiques de cacailles. Le centre-musée lacandon est passionnant (loin du centre, faut marcher...), témoignage d'une culture en voie de disparition. Le marché n'a plus rien de typique, rien que des boutiques d'artisanat industriel, toutes les échoppes vendent les mêmes articles. L'église Santo Domingo est très belle, extérieur baroque, intérieur doré, mais tout le monde n'y vient pas pour admirer ou prier... (voir photo). Les zapatistes sont dans leur fief et exploitent la fibre romantique des nostalgiques de gauche. L'ambiance est plutôt baba cool à San Cristobal. Malgré l'indéniable côté tourisme de masse (c'est l'étape obligée au Chiapas), j'ai adoré San Cristobal...

mardi 29 décembre 2009

Palenque Rojo




C'est le nom du spectacle presque quotidien qui se donne dans un petit théâtre du centre de San Cristobal. Palenque, les Mayas, voilà le thème idéal pour les touristes, qui feront probablement tous une excursion sur le site. Les Mayas sont effectivement fascinants, personnellement, ils ont ma préférence.


Le spectacle est très beau visuellement, les costumes somptueux - directement sortis des stèles- , le côté un peu kitsch compensé par le baroque des scènes en... langue maya. L'histoire est une sombre rivalité entre la méchante reine de Tonina et le glorieux roi de Palenque, inspirée de la réalité. Mon seul regret (j'ai passé une bonne soirée) est de ne découvrir qu'un nom indien sur le programme: les acteurs, réalisateurs et techniciens sont tous mexicains-espagnols ou...allemands et même suédois. Photos interdites, évidemment.

Illustrations: le programme (l'acteur paraît indien, mais moi j'ai eu droit à un autre acteur, plus enveloppé et moins typé) et le guerrier qui fait la pub dans la rue, pour inciter à la vente des places.

San Cristobal de Las Casas







Un véritable joyau ! Surtout parce que à taille humaine, sans banlieue insipide. Une petite ville que l'on peut parcourir à pied, et en s'éloignant du centre très touristique on atteint des quartiers tranquilles à l'ambiance villageoise.

C'est le coeur du Chiapas. Les Indiens (tzotziles surtout) sont très visibles, mais malheureusement comme mendiants ou vendeurs de rue; beaucoup d'enfants solliciteurs que je renverrais volontiers à l'école...

Le climat d'altitude est fait pour moi: soleil à midi et fraîcheur dès la nuit tombante; en rejoignant mon hôtel je vois des Indiennes avec de jeunes enfants se réfugier le long des murs des églises, enveloppées dans des couvertures; pour y passer la nuit ?? Ici c'est le royaume des contradictions et des inégalités. Hôtels et restaurants chic tenus par des étrangers, Indiens cantonnés dans les métiers subalternes ou la mendicité.
Photos: rues et cathédrales

lundi 28 décembre 2009

A propos du mole...


Pour ajouter un élément au dossier !

Au marché d'Oaxaca, on vend le mole tout préparé: voir photo

Canyon du Sumidero







Me voilà donc au Chiapas, adieu Roberto, et bonjour Hector-Alberto-Eligio, les 3 chauffeurs que je vais user avec une compagnie basée à Palenque.



A peine débarquée de l'avion, traversée express de Tuxtla (rien à voir) et route pour le must du coin, la balade en bateau dans le canyon du Sumidero. C'est spectaculaire, mais loin de valoir le Rio Dulce au Guatemala; la mangrove paraît désertée, juste un croco payé par l'office du tourisme, et quelques oiseaux. Mon meilleur souvenir: je m'offre un cevice, ou poisson cru mariné dans le citron et servi avec toutes sortes de légumes. Délicieux.